Samedi 21 juin.

Hier, il y a eu un réveil difficile vers 8h30 du matin et un coucher assez facile à 1h30 du matin d'après. Entre, j'ai vécu une journée des plus pédantes. Je vous préviens, certaines des phrases qui vont suivre véhiculent des informations relativement improbables. A commencer par celle-ci :

A 13 heures, je suis arrivée en retard à l'ONU, pour le concert au profit des réfugiés syriens à la Dag Hammarskjöld librairy. Je vous avais prévenu, moi-même je dois me pincer pour y croire. Mais le fait est que j'ai assisté à ce concert, assuré par des membres de l'ONU et des diplomates qui, entre deux réunions, prennent le temps de chanter ou de jouer du violon.

Ensuite, j'ai passé l'après-midi au Delegate's lounge de ladite ONU (une salle très select à laquelle une partie du personnel de la maison n'a même pas accès) pour regarder... le match de foot France-Suisse, toujours au milieu des membres du staff, des journalistes accrédités et des diplomates.

A la mi-temps je suis sortie sur la terrasse, vue imprenable sur l'East river, avant de retourner crier et applaudir avec ces hommes et ces femmes qui, au regard de leurs missions, me font sentir vraiment, mais alors vraiment toute petite. Avant de quitter les lieux, j'ai pu passer dans des couloirs interdits au public, admirer les somptueuses pièces offertes par les pays membres (d'une statuette du XIe siècle à une très symbolique mitraillette guitare en passant par la statue de sainte Agnès rescapée de Nagasaki) et bien sûr, pousser la porte de la salle du conseil de sécurité. J'ai déjà dit que je me sentais vraiment, mais alors vraiment toute petite ?

Après ça, je suis allée boire un mojito sur un rooftop, celui du press lounge de l'hôtel Ink48, sur la 48e rue et 11e avenue. Au seizième étage, le soleil a décliné, la nuit est tombée, les lumières se sont allumées.

J'ai pensé à vous, Cécile, Charlotte, Stéphanie, Marion, vous, les photographes émérites et ça m'a crevé le coeur d'appuyer sur le déclencheur de mon modeste compact pour essayer de capturer ces instants, ces couleurs, cette atmosphère indescriptible. En pure perte, bien sûr. Débrouillez-vous comme vous voulez, mais venez sur ce toit, bon sang !

Heureusement, le mojito était un vrai mojito et le rapide déjeuner du midi était loin. J'ai donc pu tenir une conversation alcoolisée tout à fait passionnante sur la sensibilité et le talent artistiques, non sans renverser une partie de mon verre sur la terrasse, pendant que l'Empire state s'éclairait doucement dans le fond du décor.

Le temps de tituber légèrement en direction de l'ascenseur, je suis repartie à travers la ville, pour arriver au Flatiron room, un bar où chantait ce soir-là Chloé Perrier, artiste française désormais installée à New York, qui distille avec sa voix qui me colle des frissons les textes et les mélodies de Gainsbourg ou Nougaro.

Je l'ai écoutée, dans le brouhaha de la salle plongée dans la pénombre, en mangeant debout quelque chose qui sur la carte s'appelait "Flatiron Mac and cheese" et qui dans ma bouche ressemblait plus à du piment oiseau relevé au poivre. Du coup il a bien fallu faire passer ça, avec un excellent verre de chianti. Qui a certainement contribué à mon endormissement rapide une fois rentrée à Harlem.

Pour cette journée incroyable, je remercie Jacques Baudrier du fond du coeur. Moi qui voulais éviter les parcours trop touristiques pour ce troisième séjour...Mon voeu a été plus qu'exaucé.

Sur ce je vous laisse, car en ce jour de fête de la musique, deux événements d'importance m'attendent : l'un à Coney Island où se déroule aujourd'hui la Mermaid Parad (la parade des sirènes), une des plus grosses manifestations de l'année ici ; l'autre, si j'ai encore un peu de jus, à Central Park, où se produit gratuitement à partir de 19 heures... M. Oui, "le" M, Mathieu Chedid.

Décidément, je me trouve très pédante ces jours-ci. J'adore.

Rose

PS : dans la colonne de droite, vous trouverez le lien vers le site de Chloé Perrier

Pédante

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